Le polo, le haut qui ne laisse personne indifférent

Plus décontracté qu’une chemise mais aussi plus habillé qu’un simple t-shirt, le polo est un indispensable que chaque homme a déjà porté au moins une fois dans sa vie.

Adoré par certains, haï par d’autres, cet intemporel du vestiaire masculin ne laisse personne indifférent… Pour essayer de comprendre pourquoi son image fait tant débat, on est remonté jusqu’aux origines du polo. Voici votre nouvel épisode de complément d’enquête !

Les origines du polo

Le jeu des rois

Avant d’être un vêtement, le polo est avant tout un sport équestre originaire d’Asie Centrale, né il y a au moins 2500 ans, qui se joue avec un long manche permettant de conduire une balle pour marquer des points. Surnommé le « jeu des rois » en Perse, le polo était réservé aux nobles et aux cavaliers d’élite, pour qui il était un entraînement à la guerre.

Le sport traverse les époques et se répand dans toute l’Asie notamment via la célèbre Route de la Soie, qui relie l’Europe à la Chine, empruntée par un certain Marco… Polo. De l’Égypte jusqu’au Japon en passant par l’Inde, un paquet d’empereurs, émirs ou autres rois se passionnent pour le polo qui, loin d’être sans danger, cause même la mort de certains d’entre eux comme le sultan indien Oybeck en 1210.

Au XIXème siècle, le polo connaît un tournant lorsque les planteurs de thé britanniques de Calcutta découvrent ce sport, duquel ils tombent aussitôt amoureux . En effet, les colons anglais fondent le premier club officiel de polo en Inde en 1859 et introduisent rapidement les règles du jeu connues aujourd’hui. L’Empire britannique est alors à son apogée et l’intensité des flux commerciaux et migratoires permet au polo de s’exporter un peu partout dans le monde : en Grande-Bretagne bien évidemment, mais aussi aux États-Unis, en Australie, en Argentine et, un peu de chauvinisme, en France.

La chemise button-down, l’ancêtre du polo

Pour jouer au polo, les Britanniques ont l’habitude de porter une chemise classique à manches longues en jersey oxford, à laquelle ils ajoutent des boutons au col afin de ne pas être gênés par le vent lorsqu’ils sont au galop.

Lors d’un voyage en Angleterre, le petit-fils du fondateur de la marque américaine Brooks Brothers, John E. Brooks, assiste à un match de polo au cours duquel il remarque les chemises à col boutonné portées par les joueurs. Ce dernier est séduit par ce col atypique et décide de commercialiser la « button-down polo shirt » à son retour aux États-Unis en 1896. Véritable succès, le col button-down s’impose comme la référence des cols de chemises au pays de l’Oncle Sam, à tel point qu’on le nomme aujourd’hui aussi communément col américain.

Du jeu des rois au jeu de paume

La naissance du polo

Tout comme le polo, le tennis est un sport pratiqué majoritairement par les classes aisées au début du XXème siècle, où le style vestimentaire est très codifié. En effet, les joueurs doivent porter lors des grands tournois un ensemble blanc (ndlr : ce qui est par ailleurs encore le cas à Wimbledon aujourd’hui), composé à l’époque la plupart du temps d’une chemise à manches longues et d’un pantalon en flanelle.

Peu pratique, cette tenue ne favorise pas les mouvements amples qui sont pourtant essentiels au tennis. Ce dress code est bouleversé dans les années 1920 par un jeune joueur français très prometteur, René Lacoste. Tout d’abord, Lacoste rompt avec la tradition en optant pour une chemise à manches courtes, jusque-là associée aux ouvriers et aux agriculteurs. Puis, alors qu’il enchaîne les victoires à Wimbledon, l’US Open et à la Coupe Davis jusqu’à devenir N°1 mondial, Lacoste révolutionne son sport en 1927 lorsqu’il porte pour la première fois le polo tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Il s’associe avec le leader de la bonneterie française André Gillier, qui s’inspire du jersey oxford des chemises de polo pour concevoir le jersey petit piqué du premier modèle L. 12. 12 : L pour Lacoste, 1 pour la matière, 2 pour les manches courtes et 12 pour le nombre de prototypes réalisés avant d’obtenir la version finale. Le tissu en jersey petit piqué est léger et respirant tandis que le col est fait en maille bord-côtes pour être souple tout en gardant de la tenue, et par la même occasion protéger la nuque du soleil. De plus, la boutonnière est raccourcie à deux boutons pour plus de confort et le pan arrière est légèrement plus long pour pouvoir mieux le rentrer dans le pantalon. Le polo est né.

La chemise du Crocodile

Surnommé « le Crocodile » par la presse américaine en raison de sa ténacité sur le terrain, mais aussi en raison d’un pari autour d’une valise en peau de crocodile, Lacoste demande en 1927 au styliste Robert George de lui dessiner un crocodile afin de le broder sur ses blazers, qu’il porte avant et après les matchs. Lacoste est cependant contraint de mettre un terme à sa carrière alors qu’il est encore au sommet en 1929, freiné par des problèmes respiratoires.

Loin de se laisser abattre, il sent le potentiel du polo et du logo crocodile qui plaisent aux autres joueurs du circuit et fonde quelques années plus tard en 1933 la marque Lacoste avec son associé André Gillier. Dès lors, la « Chemise Lacoste » est commercialisée à grande échelle, avec son célèbre logo crocodile cousu au niveau du cœur. C’est d’ailleurs la première fois dans l’histoire qu’une marque affiche son logo de manière aussi ostensible sur un vêtement de sport.

Comme le jersey petit piqué est inspiré du jersey oxford des chemises portées par les joueurs de polo, la nouvelle chemise prend le nom de « polo shirt » chez les Anglo-Saxons. Par ailleurs, le polo fait une entrée remarquée sur les terrains de golf, René Lacoste étant marié à la championne de golf Simone de la Chaume. Les classes aisées apprécient ce nouveau vêtement de sport, plus agréable à porter et respirant qu’une chemise, et le polo est finalement aussi adopté par les joueurs de polo : la boucle est bouclée.

L’épopée du polo

Un succès phénoménal et mondial

Fier de son succès auprès des sportifs en France, la marque Lacoste décline son polo en différents coloris et commence à exporter ses produits en Europe et aux États-Unis pour la première fois au début des années 1950. Le polo devient alors un phénomène mondial et habille pendant leurs activités sportives les hommes les plus influents de la planète, comme le président américain Eisenhower lorsqu’il joue au golf.

De nouveaux acteurs commencent donc à s’intéresser au marché lucratif des polos, à commencer par la marque éponyme du joueur de tennis britannique Fred Perry, qui lance son premier polo à Wimbledon en 1952. La marque au laurier s’inspire grandement du polo Lacoste en reprenant le coton piqué mais essaie tout de même de se différencier avec un logo brodé directement sur le tissu, et non cousu.

Fred Perry ayant aussi été durant sa carrière un joueur professionnel de ping-pong, où les hauts blancs sont interdits à l’inverse du tennis, la marque élargit sa gamme et propose des coloris différents à la fin des années 1950. De plus, des fines bandes sont ajoutées au col et aux manches et apportent un nouveau style au polo, qui séduit une clientèle plus jeune au Royaume-Uni.

Les mods, ces jeunes actifs urbains attachés au modern jazz et à la fête, s’approprient durant les années 1960 la marque Fred Perry et font du polo un de leurs vêtements fétiches, tout comme le blouson Harrington (ndlr : retrouvez ici l’article sur le sujet). Par ailleurs, Fred Perry plaît aussi fortement aux mouvements skinheads, qui sont en réalité des hard mods issus des quartiers ouvriers et populaires. En bref, le polo dépasse le cadre du sport et attire une très large clientèle qui apprécie son image chic et décontractée.

Une nouvelle marque à cheval sur la qualité

À l’aube des années 1970, Ralph Lauren lance sa première ligne de vêtements pour homme, qu’il nomme Polo Ralph Lauren en hommage au sport, à l’image noble et dont il est amateur. Il introduit très rapidement le célèbre logo de la marque, qui représente un joueur de polo sur son cheval, dans sa première collection pour femmes en 1971. Dès l’année suivante, il lance le polo signature de la marque en 24 couleurs différentes, s’inspirant du polo Lacoste qui fait fureur aux États-Unis.

Débute alors une vraie guerre entre le cheval et le crocodile, les deux marques concurrentes se positionnant sur le même segment de marché avec des produits similaires qui visent une clientèle aisée. Né de parents juifs immigrés dans le Bronx à New-York, Ralph Lauren incarne le vrai rêve américain. Son histoire ainsi que son image locale parlent aux américains qui se tournent plus vers sa marque. L’influence de Ralph Lauren grandit parallèlement dans le monde et ce dernier ouvre son premier magasin en Europe à Londres en 1981.

Une image qui fait aussi débat

Un nouveau public pour le polo

Bien que le polo Fred Perry soit aussi associé aux sulfureux skinheads au Royaume-Uni, le polo a toujours joui d’une image BCBG jusqu’alors, étant donné que les leaders du marché Lacoste et Ralph Lauren s’adressaient d’abord aux amateurs de tennis, de golf ou de polo issus des classes huppées.

Cependant, cette image est bouleversée à la fin des années 1980, avec la montée du hip-hop. Fondé en 1988, le groupe de rap new-yorkais Lo-Life se réapproprie totalement la marque Ralph Lauren, séduit par l’imaginaire luxueux autour de la marque mais aussi par ses collections colorées et ses logos apparents. Le groupe se fait connaître en s’affichant de la tête aux pieds en vêtements Ralph Lauren, notamment en polos et vestes de ski, qu’ils volent dans les boutiques. Précurseur, le Lo-Life Crew popularise ainsi la marque auprès des rappeurs et des quartiers populaires de New-York au début des années 1990.

Le même phénomène se produit en France avec le rival historique Lacoste, dont les survêtements et polos deviennent les ensembles favoris des jeunes de banlieue. Symbole de cette nouvelle mode, la couverture de l’album classique de rap français « Quelques gouttes suffisent… » du groupe Ärsenik sorti en 1998.

La réaction des marques

Lacoste, victime aussi de la contrefaçon, vit très mal le fait d’être associé aux jeunes de banlieue de peur de perdre sa clientèle historique. L’entreprise essaie donc de se détacher le plus possible de cette nouvelle image urbaine.

A contrario, Ralph Lauren y voit plus une opportunité. En effet, la grande force de la marque réside dans sa capacité à créer plusieurs lignes aux cibles variées, telles que Double RL pour les vêtements workwear ou Ralph Lauren Purple Label pour le luxe. Ainsi, la marque lance par exemple dès 1992 la ligne Polo Sport en réponse à ce mouvement, avec pour logo le drapeau des États-Unis auquel sont attachés tous les américains, y compris ceux issus des minorités.

Toutefois, la marque qui a le plus le profité de l’attrait du hip-hop pour le polo est sans aucun doute Tommy Hilfiger. Fondée en 1985, la marque Tommy Hilfiger s’inscrit dans la lignée de Ralph Lauren et de son style preppy. Tout comme son aînée, elle diversifie ses collections et touche un nouveau public chez les jeunes amateurs de hip-hop avec sa ligne Tommy Jeans, qui propose de nombreux vêtements aux couleurs du drapeau national américain avec des logos apparents. De nombreux artistes s’affichent ainsi avec des vêtements de la marque comme Michael Jackson pour le magazine Vibe ou encore Snoop Dogg lors de l’émission Saturday Night Live. La notoriété de Tommy Hilfiger ne cesse de croître et la marque prend même la décision de collaborer avec la chanteuse R’n’B Aaliyah, qui devient égérie de la marque en 1996.

Pour la petite histoire, ce n’est que bien plus tard et très récemment que les leaders historiques du marché du polo, Lacoste et Ralph Lauren, commencèrent à collaborer ou à s’associer avec des artistes urbains, devant l’engouement croissant pour la mode streetwear et sportswear.

Le Polo Roger de Paname Collections

Vous l’avez compris, le polo est une pièce décontractée qui parle à tous. On était donc obligé de revisiter cet indémodable du vestiaire masculin ! Nous avons nommé notre modèle Roger, en hommage à Roger Federer qui a marqué l’histoire du tennis par l’élégance et la beauté de son jeu.

Pour le Polo Roger, nous sommes allés au Portugal choisir une maille piquée 100% coton bio, certifiée GOTS. Nous voulions un coloris intemporel et nous avons donc opté pour un bleu de minuit que vous pourrez facilement associer à des pantalons ou shorts plus clairs en période de beau temps.

Pour lui donner un petit côté jeune et rock, on a ajouté une fine bande blanche au col et aux extrémités des manches. Enfin, pour un design plus minimaliste, on a choisi de broder le logo Paname Collections ton sur ton au niveau de la poitrine.

Maintenant que vous savez tout sur le polo, nous sommes convaincus que le Polo Roger saura vous plaire. À très vite pour un nouvel épisode de complément d’enquête !

Quentin G.